Une espadrille perdue au Marathon de Paris !

DIMANCHE 6 AVRIL – MARATHON DE PARIS

Quelle cohue sur les Champs-Elysées ! Vêtus de nos survêtements Le Coq sportif et chaussés de bonnes espadrilles, nous jouons des coudes pour nous frayer un chemin jusqu’au premier rang, parmi les 50.000 personnes entassées sur la ligne de départ. L’enjeu est de taille : en tant que coachs sportifs des stars, nous pensons trouver là quelque nouvelle recrue. Tout en distribuant généreusement nos cartes de visite aux coureurs qui s’échauffent avant leur footing, nous nous trouvons malencontreusement séparés. Un malotru a marché sur l’espadrille de Festjens, obligeant celui-ci à la rechercher à terre, parmi la forêt de jambes. Inconscient du drame qui se noue en arrière, Antilogus parvient au premier rang et repère le favori de l’épreuve, l’éthiopien Kenesina Bekele. Quel contraste entre le physique de ces deux athlètes ! Kenesina est tout petit, tout sec, tout nerveux. On le comprend : c’est son premier Marathon de Paris !

- T’inquiète, Kenesina ! lui glisse Antilogus avec un sourire confiant. C’est pas compliqué, t’as qu’à courir plus vite que les autres ! T’en fais pas, je vais rester à côté de toi tout le long pour t’encourager…

- ወይ ጉድ፣ ምንድን ነው ጉዱ፣ ኸረ በለው፣ ! s’exclame le svelte éthiopien.

- Pardon ? répond Antilogus. Avec tout ce bruit, je n’ai pas compris !

La réponse ne lui parvient pas. Le starter vient de donner le départ, et notre future recrue s’élance comme une bombe. Toujours quatre pattes en train de chercher son espadrille, Festjens est très impoliment piétiné par une dizaine de milliers de participants. Ah, bravo, messieurs-dames ! Bel esprit sportif !

Quant à Antilogus, malgré un mauvais départ il parvient à se maintenir au niveau de notre poulain Kenesima durant environ soixante-quinze mères avant de devoir déclarer forfait sur blessure. Point de côté. Vacherie…

Petite consolation : notre nouvel ami a gagné le Marathon de Paris, grâce à notre judicieux conseil tactique. Il a en effet couru plus vite que les autres. Et voilà ! Et c’est pas plus compliqué que ça!