Plein le dos !

JEUDI 5 JUIN – CLAIREFONTAINE

Petite virée à Clairefontaine, où notre cher Dédé a bien du souci. L’excellent Frank Ribéry a mal au dos. Le staff médical ne trouve rien et estime qu’il est apte à jouer, mais Frankie n’est pas du même avis : « Quand je fais une passe, j’ai mal. Quand je cours, j’ai mal. J’arrête de jouer, je me remets à courir, il n’y a pas de souci et puis la douleur revient. J’ai vraiment mal. » On ne sait pas s’il va jouer contre la Jamaïque dimanche, ni s’il sera du voyage au Brésil. C’est moche.

Ni une ni deux, nous chaussons de nouveau nos désormais célèbres survêtements Le Coq Sportif et débarquons à Clairefontaine.

- Vous êtes les seuls en qui je puisse avoir confiance, nous confie Deschamps. Je suis environné de nuls. Font tous chier…

L’affaire est grave. Le bon Dédé semble touché. « Gros sur la patate » est l’expression qui nous vient à l’esprit. 

- En somme, s’exclame Antilogus (qui ne rechigne jamais devant un bon mot), t’es comme Ribéry, t’en as plein le dos !

Le regard noir de Dédé nous empêche de nous esclaffer, comme à notre habitude. Nous le rassurons néanmoins d’une amicale bourrade, avant de nous isoler avec l’excellent Frankie pour une petite promenade en tête à tête.  Moins d’un quart d’heure plus tard, voilà Ribéry qui revient en galopant, saute par-dessus la barrière qui entoure le terrain, subtilise un ballon dans les pieds de Benzema et enchaîne une série de dribbles époustouflants avant de claquer une cacahuète qui mystifie Hugo Lloris et finit dans les filets, sous les acclamations de ses co-équipiers.

- Va-y Frankie, c’est bon !  Lançons nous en hommage au célèbre Francky Vincent.

- Mais vous êtes des magiciens ! s’écrie Deschamps, ébloui par cette métamorphose-express, tandis que Ribéry caracole comme un jeune cabri enivré par l’air des cimes. Comment avez-vous fait ? Qu’est-ce que vous lui avez dit ?

- Si tu permets, Dédé, c’est notre petit secret, finaude Festjens. Fais-nous tomber deux tickets Paris-Rio pour qu’on accompagne l’équipe, et on se charge du reste… 

Et nous repartons sous les vivats et les applaudissements des supporters, tandis que le staff médical maugrée et fait la gueule. Oui, le cher Dédé n’a pas besoin de connaître tous ces petits trucs qui ont fait de nous des coaches sportifs de renom. Mais qui sait, lui aussi, un jour, peut-être, pourra intégrer notre organisation. Il n’a pas besoin de savoir qu’avant de venir le rejoindre à Clairefontaine, nous avons retrouvé nos amis Jamaïcains, les « Reggae Boyz » à l’entraînement et que, contournant leur sévère entraineur allemand Schäfer, nous avons conversé avec les joueurs de Winfried Harbour View, de Waterhouse FC et autres Portmore United, clubs dont nous sommes les coaches honoraires, on l’oublie trop souvent. Et c’est lestés de deux kilos de ganja (à usage strictement thérapeutique) que nous avons rallié Clairefontaine. Bon, il nous en reste un peu moins, maintenant, avec ce que nous avons laissé à l’attaquant munichois, mais bast ! L’avenir des Bleus était en jeu !