Trône d'Espagne : Nous sommes candidats !

JEUDI 5 JUIN - MADRID

A Son Excellence le Grand Chambellan des Cortes Generales,

Nous apprenons avec stupeur - et tristesse - que Sa Majesté Juan Carlos de Bourbon y Manchego y Pata Negra, roi d’Espagne, a choisi d’abdiquer. Nous apprenons dans le même temps avec tristesse - et stupeur - que sa succession au Trône, légitimement dévolue à son fils aîné, le prince des Asturies Felipe de Bourbon y Bocadillos y Paella, se présente sous les pires auspices. D’aucuns, outre-Pyrénées, grognent et conspirent ouvertement à la chute de monarchie, appelant de leurs voeux funestes l’établissement d’une république. Voilà pourquoi, Votre Excellence, afin de sauver la situation, nous avons l’honneur et l’avantage de présenter notre candidature au Trône d’Espagne (de présentare nostra candidatura al trôno de Espagna). 

Les noms d’Antilogus et Festjens, bien que fameux en France, vous sont peut-être mal connus, Votre Grâce. Sachez qu’au physique, ces deux hommes, bien faits de leur personne, portent beau et présentent admirablement - bien mieux en tout cas que le prétendu président François Hollande. Hauts de taille, point trop bedonnants, la mine aimable, ils feraient de parfaits monarques, pour peu qu’on leur enseignât les usages en vogue à la Cour de Madrid. Qui saluer ? Où poser son bicorne ? Comment agiter avec élégance la muleta sous le mufle baveux du taureau ? Voilà ce qu’il faudra leur apprendre - et c’est bien peu de chose comparé à l’océan immense des connaissances humaines. Précisons qu’Antilogus et Festjens mesurent tous deux plus d’1,80 m - ce qui fait qu’empilés l’un sur l’autre ils avoisinent les quatre mètres ! Dès lors, puisqu’ils sont grands, pourquoi ne seraient-ils pas Grands d’Espagne (hein, porqué) ?

Ajoutons, à toutes fins utiles, que Festjens, enfant, passait ses vacances sur la Costa Brava. Et qu’Antilogus raffole du chorizo. L’un comme l’autre ont longtemps fréquenté le quartier de la Bastille - ce qui, à une lettre près, sonne comme Castille. L’un comme l’autre sont connus pour y aller franco, ce qui devrait être apprécié dans votre pays. L’héritier du trône doit nécessairement être un bourbon ? Justement, Antilogus et Festjens adorent le bourbon ! Ça ne pouvait pas tomber mieux ! Jean-Louis Festjens règnerait sous le nom de Juan Ludovico Ier, ce qui ne manquerait pas de classe. Pierre Antilogus, Votre Eminence, souhaiterait qu’on l’appelât Pedro de la Vega car il a toujours admiré Zorro, votre illustre compatriote - ce qui est certainement le cas de nombreux Portugais. Sachez enfin, Votre Enormité, que quelque soit l’heureux élu, l’autre se contentera du titre envié de capitaine général de la Garde (capitan general de la Guardia Civil). D’avance, merci. Quoi qu’il advienne, avec l’aide de Dieu, nous nous engageons l’un comme l’autre à ramener la concorde et le calme dans votre beau pays. Notre première mesure sera de supprimer toutes les causes de tapas nocturnes.