Il faut sauver le supporteur Hollande !

LUNDI 17 JUIN - ESTADIO CASTELAO FORTALEZA, BRAZIL

Ce devrait être «l’opération Feijoada», l’une des plus secrètes et des plus audacieuses du quinquennat. Tout avait été prévu, organisé, chronométré au millimètre près… Hélas, à notre grand dam, un abject grain de sable est venu enrayer la tuyauterie parfaitement huilée, et nous voici réfugiés avec le président dans une baraque en tôle ondulée, au tréfonds d’une favella sordide, ne disposant pour nous nourrir que de vieilles boîtes de haricots périmées. Aïe, ça fait au ventre ! Le moral est très bas. Nous appelons à l’aide ! 

Tout avait pourtant commencé sous les meilleurs auspices, il y a quelques jours, quand François Hollande, notre maître bien-aimé - puisse le Ciel inspirer sa lumineuse pensée - a soudainement repoussé sa mousse au chocolat.

— Euh, je… Je… J’en ai ras-le-bol ! a-t-il glapi. La réforme territoriale, le pacte de… heu, de… de responsabilité, tout ça, c’est trop… trop relou ! Je… euh, je… je m’emmerde !

Nous avons aussitôt compris, fins psychologues, que le gros type avait besoin de distractions.

— Pourquoi ne pas aller au mondial de foot, votre excellence ? Ça a l’air cool !

— Mais non ! Les… les, heu… les Français serait furieux, ils me… heu, ils me reprocheraient encore de ne rien foutre !

— Inutile de le leur dire, sire.

— Euh… Vous croyez ? Eh bien, je… je dis oui, OK ! On va… On va se marrer ! Mais, euh… faut pas le dire non plus à Ségo, ni à Valérie, ni à Julie, ni à Manuel Valls.

Et ainsi fut fait. En grand secret, habilement grimés en supporters de foot, nous nous sommes envolés pour Rio, dans les rires et l’allégresse. Nous n’avions pas vu le président aussi détendu depuis le congrès d’Epinay - peut-être même depuis le congrès de Tours. 

Il avait été convenu, pour préserver son incognito, que François Hollande porterait en permanence son casque de scooter. Peut-être un peu gênant pour regarder un match de foot - surtout en mangeant des chips -, mais parfois la raison d'Etat doit l'emporter. Hélas, la fatalité a voulu que notre illustre ami, bouleversant le plan initial, veuille à tout prix porter une grosse casquette bleue assortie à son maillot aux couleurs du Brésil. Funeste décision : un supporter français présent au stade de Fortaleza - l’abject grain de sable - l'a reconnu...

— Eh, les mecs, a-t-il hurlé, y a Hollande ! Venez, on le chope et on lui fait la bite au cirage !

Voilà pourquoi, depuis, nous nous terrons dans un cul-de-basse-fosse puant. Une opération de la DGSE est paraît-il en cours pour nous exfiltrer, tout a été prévu, millimétré à la seconde près… Afin de tromper les paparazzis, le président sera déguisé en danseuse de samba, avec un mini-bikini en lamé argent et des plumes d’ara dans le derrière, mais saura-t-il se déhancher de façon convaincante ? Ce n’est pas gagné. Nous avons peur. Adieu. C’est peut-être notre dernier message adressé au monde libre…