La grandeur de la France ne serait-elle plus qu'un étendard foulé aux pieds ?

Samedi 31 mai - Rio de Janeiro

Quelle odieuse mesquinerie ! Nous en sommes encore vibrants d’indignation, et d’affreux rictus, tels des spasmes d’épouvante, viennent crisper nos traits marmoréens dont on a pu écrire, dans des revues autorisées, qu’ils incarnent la perfection grecque. Tout avait pourtant si merveilleusement commencé… Le bon président Hollande - puisse la miséricorde divine lui épargner de nouvelles dégringolades dans les sondages ! -, le bon président Hollande nous avait chargés, en tant que ses amis et conseillers spéciaux, de le représenter au Brésil le temps de la Coupe du monde de football. Jusque-là, rien à dire. C’était correct.

— Trouvez-vous un logement, euh… euh… un logement convenable, les gars, nous avait-il dit.

On ne saurait être plus clair : un logement convenable. Eh bien, nous en avons trouvé un, et sachez que ce n’était pas si facile, là-bas, sous ces latitudes de samba et autres plaisanteries ! Il se trouve que le joueur Ronaldinho, le roi du ballon rond, proposait sa villa à louer… Mille mètres carrés, cinq chambres, six salles de bains, piscine avec accès direct au hammam, le tout à deux pas du stade Maracana et de la plage de Copacabana, bref, exactement ce qu’il nous fallait. L’archétype du « logement convenable ». Et pour seulement 11 300 euros la nuit - ce qui est tout à fait raisonnable. Nous avons signé des deux mains, dans la minute, sans discuter. Affaire conclue. Du moins le pensons-nous.

Car voilà que nous recevons ce jour une note comminatoire de Bercy nous annonçant que nous aurons à payer le séjour de notre poche ! DE NOTRE POCHE ! Et puis quoi encore ? C’est inouï ! A travers nos personnes, c’est une insulte faite à la France ! Préférerait-on nous voir loger à la MJC locale ou dans une favella peuplée de trafiquants criminels, voire dans un hôtel de passe parmi les prostituées, les travestis et les drogués ? Hein, est-cela qu’on veut ? Il paraît, nous dit-on, que des restrictions budgétaires sont à l’ordre du jour et qu’il faut « réduire la voilure », mais solennellement, nous posons la question : notre vieux pays ne mérite-t-il pas un peu plus de considération ? Allons-nous, sous prétexte d’économies de bouts de chandelles, laisser d’obscurs ronds-de-cuir nous contraindre à vivre chichement, c’est-à-dire à vivre comme eux, c’est-à-dire comme d’infâmes cancrelats ? Amis de ce blog, vous êtes notre ultime recours : mobilisez-vous, cotisez-vous, adressez-nous chèques et mandats ! Nous vous enverrons des cartes postales de Rio. Merci.