Les 20 ans d’Eurotunnel : un drame évité de peu sous la mer !

QUELQUE PART SOUS LA MANCHE – MARDI 6 MAI

Formidable ambiance à bord de l’Eurostar, pour le 20^ème anniversaire de l’Eurotunnel. Chargés de l’organisation de l’événement, nous avons affrété un train spécial, au départ de Coquelles (l’entrée française de l’ouvrage) et en direction de Londres St-Pancrace, dans lequel ont pris place toute sorte d’officiels. Et sitôt les portes refermées, ça y va ! Dans chaque wagon, une musique différente : british rock, bourrée auvergnate, new wave, accordéon-musette, punk, fanfare municipale, que du franco-anglais ! Et avec ça open-bar durant toute la traversée, bière et vin rouge à volonté ! Ah, ça,on a bien fait les choses ! L’atmosphère, un peu guindée au moment du départ, se dégèle rapidement, sous l’effet conjugué de la boisson et du rythme. Nous sommes très satisfaits. 

Alors que nous évoluons à travers le wagon punk-rock, nous sommes abordés par des zigues à l’air sinistre. 

- C’est vous, les responsables de ce capharnaüm ? hurle un fâcheux, en tentant de couvrir le boucan. Il faut  arrêter ça tout de suite, Frédéric Cuvillier doit faire son discours !

- Qui ça ? répond Festjens, sans cesser de danser le pogo. Connais pas !

- Mais c’est le Ministre des Transports !

- On s’en tape !

- Non, non, aucun problème, tempère Antilogus (qui, après l’incident du Concours Lépine, se méfie des autorités). Nous avons prévu un arrêt au milieu du tunnel, ce sera parfait !

De fait, après une vingtaine de minutes de circulation, le convoi ralentit puis s’immobilise, à 80 mètres sous les flots. La musique s’arrête et le calme revient peu à peu dans les wagons.

- Allez les potos, tout le monde descend !

Les portes s’ouvrent, et chacun découvre une estrade, aménagée sur le ballast, ainsi qu’un buffet proposant du fish-and-chips et de la blanquette de veau. Magique ! Tandis que le ministre prend place pour son  discours, nous filons chercher notre petite surprise : une plaque commémorative, que nous allons poser pas plus tard que tout de suite ! Nous nous glissons derrière l’estrade et, tandis qu’Antilogus maintient la pesante plaque de cuivre en place, Festjens commence à la fixer, avec un marteau et des clous. Dès la première pointe, une fissure apparaît, mais nous passons outre. A la quatrième, malheureusement, un grondement sourd se fait entendre, la fissure s’agrandit, des gravats commencent à tomber, bientôt suivis d’un filet d’eau de mauvais augure. Ah, mince ! Aurions-nous gaffé ?

- Allez, tout le monde embarque ! s’écrie Antilogus, adepte du principe de précaution.

Le temps de remonter à bord et de fermer les portes, un bloc de ciment cède brusquement, précipitant dans le tunnel un geyser d’eau salée, où surnagent quelques poissons bariolés.

- Machine arrière, toute ! Lançons-nous dans l’intercom.

Et c’est une formidable (et enthousiasmante) course-poursuite entre les flots déchainés et l’Eurostar, qui file à toute berzingue à reculons, tandis que la musique reprend.

Tandis que les autorités compétentes font actionner les sas de sécurité pour boucher le tunnel, nous nous dissimulons dans la soute à bagages, avec quelques convives. Bon, il va falloir sans doute écoper un peu pour vider le bazar, mais l’un dans l’autre, l’événement a été une vraie réussite. Un succès de plus à notre actif !