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MARDI 20 AVRIL– ZOO DE VINCENNES

 

Réunion de crise à la Mairie de Paris. Chaudement recommandés par notre disciple Manuel Valls, nous sommes reçus par Madame le Maire dans le Salon Georges Bertrand, que nous proposons aussitôt de faire rebaptiser « Salon Bertrand Delanoë », vu que personne ne sait qui est Georges Bertrand. Vivement émue, madame le Maire nous remercie mais nous fait remarquer que ce n’est pas pur ça qu’elle nous a fait venir. Dommage…

Nous n’avions pas remarqué un petit groupe qui se tient à l’écart, tête baissée, comme des péteux. 

- Messieurs, commence Anne Hidalgo, laissez-moi vous présenter les responsables du Parc zoologique de Paris...

- Connais pas, grommelle Antilogus.

- …Mieux connu sous le nom de Zoo de Vincennes, poursuit Madame le Maire.

- Ah là, oui ! s’exclame Festjens. Là, d’accord !

- Comme vous le savez, le zoo vient de rouvrir la semaine dernière, après des années de travaux, et ça ne va pas du tout. Il n’y a pas assez de monde !

- Tu m’étonnes, Annette ! A vingt euros l’entrée !

- Vingt-deux euros, corrige une sympathique brunette à l’air décidé. Mais ce n’est que 16,50 pour les ados et 14€ pour les enfants !

- Ben mon vieux ! gouaille Antilogus. Et à ce prix-là, vous offrez un kangourou ?

- Il y a tout de même eu 25.000 visiteurs ce week-end !

- Madame est Sophie Fereira Le Morvan, la directrice du parc, précise Anne Hidalgo. Le problème, c’est qu’apparemment, les gens sont déçus. Ils ne voient pas les animaux… 

- Ah bon ? Oui, ça peut être embêtant… Eh bien, nous allons constater ça sur place…

Rendez-vous est pris le lendemain, au zoo. A l’heure dite, vêtus de sahariennes et de chapeaux de brousse adaptés à l’occasion, nous faisons le tour du parc avant de retrouver Sophie Fereira Le Morvan dans la « Biozone Sahel-Soudan », devant la fosse aux babouins.

- Bon, ben où qu’ils sont, vos bestiaux ? lance Antilogus.

- Euh, eh bien là, par exemple, vous avez un caïman.

- Où ça ?

- Là, regardez bien, dans le coin !

- Ce machin, là ? grommelle Festjens. Mais il bouge pas ! Je croyais que c’était une branche !

- Nous voulons apprendre aux visiteurs à entraîner leur regard, à faire l'effort de patienter en silence jusqu'à ce qu'un animal finisse sa sieste, poursuit Sophie Ferreira Le Morvan.

- Pour le même prix, au Parc Astérix, on voit Astérix ! objectons-nous. Et en plus, c’est gratuit pour les moins de trois ans !

- Ici, ce n'est pas un parc d'attractions ! s’insurge Thomas Grenon, le directeur général du Muséum national d’histoire naturelle.

- Iiik ! Iiiiik ! iiiik ! lance un babouin, que nous avons (justement) dérangé dans sa sieste.

- Bon, les gars, ça ne va pas du tout, reprend Antilogus d’un ton conciliant. La biodiversité machin-chouette, tout ça c’est épatant, mais les gens qui viennent voir des lions, des otaries à crinière et des pudus de Patagonie, ils ont pas des plombes à perdre avant que vos bestioles pointent leur museau !

- Ca, chez vous, pour voir un pudu, il faut du cul ! renchérit Festjens

Nous nous esclaffons de cette bonne blague (pudu-cul, ha, ha !), amis pas les officiels, qui font grise mine.

- Iiiik ! Iiik ! fait le babouins qui luu, au moins, sait apprécier une fine plaisanterie.

- Alors voilà ce que vous allez faire : chaque week-end, vous mettez un babouin dans la fosse aux lions, un crocodile  dans le bassin des otaries, une mygale dans la barbe à papa et alors là, pardon ! vous verrez l’ambiance !

- Iiiik ! Iiiiik ! proteste le bruyant singe.

- Ah, toi, ta gueule ! explose Antilogus en lui jetant un caillou.

Nous sommes jetés dehors, tandis que le zoo tout entier résonne d’un assourdissant concert de feulements, de caquètements, de rugissements divers. 

Ah, bon sang, quel fichu job !

Zoo de Vincennes : c’est bête, y a pas de bêtes…
Tag(s) : #societe
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